Le poison est un moyen classique de réduire quelqu'un au silence, dans les romans policiers — que ce soit de façon temporaire (le terme de poison est alors un peu fort) ou permanente. Cette page propose un petit inventaire, certainement incomplet, de quelques-uns de ces poisons. Les liens renvoient à des pages présentant quelques caractéristiques de ces poisons.
Si vous avez des informations complémentaires à ce propos, n'hésitez pas à m'en faire part. Je ferai de mon mieux pour les intégrer à cette page.
Notons enfin que, bien que les poisons figurent en bonne part dans ce recensement, quelques autres produits chimiques utilisés à des fins diverses y sont aussi mentionnés.
Le premier de la liste n'est pas vraiment un poison, mais l'archétype du produit indétectable pour un crime parfait : l'injection d'une bulle d'air en intraveineuse… qui peut conduire à une embolie. Sans autre trace qu'une petite piqûre, peu visible si l'on ne la cherche pas. Deux meurtres sont perpétrés ainsi dans la Femme au serpent (et mis sur le dos d'un arrêt cardiaque à la vue des vipères dont le cadavre est trouvé à côté du corps) — une enquête de Jeremy Nelson dans le Paris des années folles (Claude IZNER).
À tout seigneur, tout honneur : commençons par le plus célèbre des poisons, l'arsenic. Il en existe plusieurs variétés, toutes toxiques, toutes appelées arsenic dans le langage courant. Il est tellement célèbre que c'est presque une plaisanterie de le mentionner comme poison en cas de décès accidentel dans un livre…
Avant de donner quelques exemples de romans policiers qui utilisent ce poison, deux livres intéressants sur les effets de l'arsenic lorsqu'il est ingéré à forte dose. L'indémodable Madame Bovary, de Gustave FLAUBERT, dans lequel Emma Bovary met fin à ses jours de cette façon. Et L'a-t-elle empoisonné ?, de Kate COLQUHOUN, qui revient sur une fameuse affaire de décès imputé à l'arsenic — administré ou volontairement ingéré comme médicament — à la fin du XIXe siècle.
Quelques romans en faisant usage :
Il est tellement connu que, lorsque la bande des Quatre veut attirer Hercule Poirot dans un piège, c'est une affaire d'empoisonnement à l'arsenic qu'ils viennent lui présenter par le biais d'une infirmière.
On peut aussi noter l'utilisation de l'arsenic pour un empoisonnement, suggéré comme accidentel, dans le Cercueil de Noël (Ngaio MARSH). Cet empoisonnement a été commis par l'un des serviteur du châtelain, avant qu'il n'entre à son service : jardinier, il avait vaporisé une serre d'arsenic pour éliminer les pucerons (il s'agit donc probablement ici aussi de l'acide cacodylique), mais une vieille dame avait été enfermée dans cette serre… Cet usage est cependant très lointain de l'intrigue du roman.
Enfin, il faut noter les mélanges à base d'arsenic. Ainsi, dans la Galerie du Rossignol (Paul HARDING), un mélange d'arsenic rouge et de belladone est utilisé par les meurtriers.
Pas réellement un poison, mais plutôt un produit très corrosif. Agatha CHRISTIE y recours une fois, pour faire taire un témoin trop dangereux pour le meurtrier aux abois ; sans doute l'un des meurtres les plus sauvages dans son œuvre… (Meurtre en Mésopotamie).
Ce n'est pas à proprement parler un poison, cependant une injection intraveineuse d'une quantité importante de ce produit conduit à perturber le rythme cardiaque, pouvant entraîner le décès (ce sont les cations K+ qui sont principalement en cause). C'est la méthode utilisée par le tueur alphabétique, pour la lettre K, dans Les Cadavres se font la malle de Vaniche DITISHEIM.
Isolé dans sa forme acide, HCN, en 1782 par Schelle à partir du bleu de Prusse, d'où son autre nom d'acide prussique, sa composition a été établie en 1815 par Gay-Lussac. C'est un liquide incolore qui bout à 26 °C et se solidifie à −13 °C. Acide faible (pKa = 9,3), il donne de nombreux sels (cyanures, souvent très toxiques aussi) et complexe facilement les métaux. C'est cette dernière propriété qui explique sa toxicité, car il se lie aux métalloprotéines de la chaîne respiratoire et à l'hémoglobine, entraînant une asphyxie rapide. On le trouve dans la nature, dans certaines amandes (abricot, amande, prune) et certaines feuilles.
Autre grand classique de l'empoisonnement, utilisé sous de nombreuses formes, aussi bien gazeuse (« acide cyanhydrique », d'usage facilité par sa faible température d'ébullition) que sous forme de sel dissous (cyanure au sens propre). Reconnaissable, après coup, à son odeur d'amande amère, quand il est administré sous forme gazeuse.
Quelques romans et nouvelles en faisant usage, par ordre alphabétique pour varier les plaisirs :
Comme il agit très rapidement et qu'il n'en est besoin que de très peu, c'est un moyen de suicide très prisé pour échapper à la torture ou, pour le coupable, pour se soustraire à la justice. C'est cette porte de sortie que choisissent les assassins dans Mr Brown et la Porte de Bagdad (Agatha CHRISTIE). De façon similaire, une complice de meurtre y aurait eu recours, sans l'influence de Sherlock Holmes, dans « l'Aventure de la locataire voilée » (Les Archives de Sherlock Holmes, Arthur CONAN DOYLE).
Il est aussi mentionné au détour d'autres affaires, sans être nécessairement le moyen du crime : « l'Araignée dans son nid », Service des affaires classées (Roy VICKERS) ; la Mort d'Achille (Boris AKOUNINE).
Le monoxyde de carbone est extrêmement toxique ; le dioxyde (anhydride carbonique, ou simplement gaz carbonique) est simplement asphyxiant, mais particulièrement traître car, incolore, inodore, plus lourd que l'air, si l'on tombe dedans on n'a aucune chance d'en réchapper (c'est d'ailleurs une source d'accidents fréquents lors du travail dans des puits ou des cuves de fermentation).
Stocké dans un pneu, il est utilisé dans « Spéculations » (le texte parle d'oxyde, vu le contexte il s'agit certainement du dioxyde car sa masse importante est mentionnée — Roy VICKERS, Service des affaires classées).
Produit in situ par une réaction chimique simple mais astucieuse (déshydratation de l'acide formique par l'acide sulfurique), le monoxyde de carbone est bien plus dangereux (Cérémonies barbares, Elizabeth GEORGE ; merci à Ioannis Nicolis pour la référence).
Produit lors d'une combustion incomplète, le monoxyde de carbone est (encore de nos jours) une source fréquente de décès provoqués par des appareils de chauffage défectueux ou placés dans des pièces mal ventilées. Dans Rendez-vous passage d'Enfer (Claude IZNER), deux personnes en sont victimes dans un fiacre, chauffé par des briquettes « défectueuses ».
Le phosphore pur est toxique, bien que ce soit un élément indispensable à la vie (l'ADN en contient énormément, sous forme de phosphate).
Ses propriétés phosphorescentes permettent à Hercule Poirot de diagnostiquer un empoisonnement par ce composé, à partir d'un récit d'une séance de spiritisme inattendue, dans Témoin muet (Agatha CHRISTIE).
Sel du phosphore, de formule Zn3P2, utilisé essentiellement comme raticide mais aussi, sous forme moins concentrée bien sûr, comme médicament (psychostimulant). C'est un poison violent.
Il est utilisé dans une affaire très inhabituelle à laquelle est confrontée Maigret et qui est racontée dans les Scrupules de Maigret, de George SIMENON.
Poison assez rare. Le thallium est un métal, qui possède une toxicité voisine de celle du plomb. On l'utilise dans la mort-aux-rats.
Agatha CHRISTIE s'en sert dans le Cheval
pâle.
On le croise aussi dans la Dernière Cantate, de
Philippe DELELIS, le meurtre étant ensuite
maquillé en suicide.
Le verre n'est pas un poison par lui-même, mais son caractère coupant peut tout de même le rendre très nocif. Ainsi, dans Mariage impossible d'Anne PERRY, un meurtre passe inaperçu car comment pourrait-on soupçonner qu'une hémorrhagie intestinale soit due à l'ingestion de verre pilé…
Archétype de l'élément radioactif, ses effets sur le corps sont donc liés principalement aux rayonnements qu'il émet lors de sa désintégration. Suivant la dose, la mort sera plus ou moins rapide.
Dans le Peuple de l'Ombre (Tony HILLERMAN), le policier navajo découvre que la mort par cancer de plusieurs membres d'un clan est lié aux talismans qu'ils portent avec eux, à l'effigie de leur totem (une taupe), taillés dans de la pechblende, minerai riche en uranium.
Les végétaux sont une source inépuisable de molécules azotées, les alcaloïdes, aux effets sur l'homme assez peu plaisants. On peut d'ailleurs inclure dans cette catégorie la majorité des drogues naturelles.
Extrait des aconits, une famille de fleurs plutôt jolies mais assez toxiques.
Dans L'Œil du daruma, de Charles HAQUET, un mélange de cette fleur séchée et de fugu, poison extrait du poisson du même nom, sert de poison foudroyant à l'assassin. On en reconnaît les effets aux tâches violettes qui apparaissent sur le corps et la langue.
Venant d'une plante, il est connu depuis longtemps : frère Cadfael y est déjà confronté lors de l'une de ses enquêtes (le Capuchon du moine, Ellis PETERS) et selon Gordien, c'est le poison le plus rapide connu à l'époque romaine (Steven SAYLOR, Un Égyptien dans la ville). Il est universel : au Japon aussi, l'on connaissait son caractère toxique dès le Xe siècle. Il est ainsi utilisé dans le meurtre d'une femme enceinte à la cour de l'empereur du Japon, peu après l'an 1000, dans Meurtre à la cour du prince Genji de Nagao SEIO.
Alcaloïde extrait de la belladone, l'une des plantes les plus toxiques en Europe, avec de très appétissantes baies noires. On l'utilise pour dilater les pupilles (c'était même un produit de beauté féminin, autrefois). On trouve cet alcaloïde dans de très nombreuses plantes toxiques, de la famille des Solanacées (datura, mandragore, jusquiame…) ; au sens strict, l'atropine correspond au mélange racémique de l'hyoscyamine, lévogyre et responsable de la majeure partie de l'activité, et de son énantiomère dextrogyre, et l'on trouve donc en réalité dans les plantes à la fois atropine et hyoscyamine, cette dernière correspondant à l'excès d'énantiomère lévogyre — souvent d'autant plus important que la plante est jeune et le drogue fraîche. Dès le Moyen-Âge, c'est un poison connu et qui fera plusieurs victimes à Gérone (Caroline ROE, Remède pour un charlatan, une enquête d'Isaac le médecin). Dans « l'Empreinte de Saint Pierre » (Agatha CHRISTIE, le Club du mardi), Miss Marple y est confrontée et découvre la vérité à partir des paroles du mourant, qui demande l'un des antidotes, la pilocarpine. Du fait de sa présence dans la belladone, c'est aussi la plante entière, ou ses baies d'un noir appétissant, que l'on peut utiliser pour un empoisonnement : le Monastère hanté, de Robert VAN GULIK (une enquête du juge Ti — merci à Marc Lesage), dans Mariage impossible d'Anne PERRY (meurtre subtil, qui passe pour un suicide) ou encore dans Dissolution de C. J. SAMSOM (merci à Mirifis). On peut faire un jus de ses baies, qui pourra être mélangé à une boisson. C'est le cas dans Rutland Place (Anne PERRY), où elle est ajoutée à un cordial au sureau. Dans les Oiseaux de Rhiannon , elle est mélangée à la ciguë, pour obtenir un poison qui fait dépérir lentement l'organisme (Viviane MOORE). Dans la Galerie du Rossignol, elle est mélangée à de l'arsenic rouge dans le but d'obtenir un poison violent. Dans le Peuple du vent (de Viviane MOORE), c'est la mandragore qui sert de source de poison; cette plante, très toxique, contient essentiellement de l'hyoscyamine. |
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Principal alcaloïde de la grande ciguë, une des plantes toxiques les plus célèbres depuis le « suicide » de Socrate. On l'appelle aussi conicine ; c'est sous ce nom qu'il apparaît dans Cinq petits cochons d'Agatha CHRISTIE, où son goût amer ne passe pas inaperçu dans la bierre.
Il est utilisé comme antispasmodique, anticonvulsif et analgésique, mais sa forte toxicité en limite l'emploi.
Lorsque l'on mélange la ciguë à la belladone, on obtient un poison qui fait dépérir lentement l'organisme (Viviane MOORE, les Oiseaux de Rhiannon ).
Bien sûr, une décoction de la plante est fatale : c'est ce qu'utilise le tueur en série auquel est confrontée Kathryn Swinbrooke dans Meurtres dans le sanctuaire (C. L. GRACE). Tueur assez imaginatif, puisque il utilise une belle collection de poisons : ciguë, digitale, arsenic.
Cocaïne | Héroïne |
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Ces deux drogues peuvent être employées comme poisons, comme toute drogue utilisée en trop grande quantité. Mais c'est surtout comme objet de trafic qu'elles apparaissent dans les intrigues policières :
Comme poison proprement dit, la cocaïne sert (sans succès) dans la Maison du péril d'Agatha CHRISTIE ; avec plus de succès, de l'héroïne est utilisée pour un suicide dans Leçons de meurtre, de Reginald HILL.
Cette drogue joue aussi un rôle majeur dans la mise en branle d'une série de crime inspirée des meilleures crimes parfaits de la littérature policière (Peter SWANSON, Huit crimes parfaits)
Alcaloïde extrait de l'opium, possédant des propriétés voisines de celles de la morphine (dont il est très proche, puisqu'il correspond à l'estérification d'un hydroxyle de la morphine par un méthyle). Il a un goût très amer. Il est utilisé, dans l'Invisible ver (Margaret MILLAR), pour tendre un piège à l'assassin. |
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Alcaloïde extrêmement toxique, produit en particulier par l'ergot de seigle, tristement réputé pour être cause du mal ardent, ou ergotisme, qui fit des ravages au Moyen-Âge : les victimes, contaminées par du pain de seigle contenant ces champignons, étaient prises de brûlures intenses et pouvaient perdre leurs membres suite à la très forte vasoconstriction induite par cet alcaloïde. On l'utilise parfois pour traiter les migraines, sous forme de tartrate.
C'est d'ailleurs d'un médicament anti-migraineux qu'elle est extraite, pour empoisonner sans coup férir une toxicomane, dans Une douce vengeance (Elizabeth GEORGE). Elle est mélangée à de la quinine, pour ressembler à l'héroïne que consomme cette toxicomane.
Alcaloïde extrait de la fève de Calabar, inhibiteur réversible de l'acétylcholine estérase. Autrefois utilisé dans certaines indications, il est maintenant abandonné du fait des risques associés.
Peu avant son isolement, c'est un poison seulement connu des explorateurs Africains et de quelques spécialistes. Il permet donc des meurtres très discrets, dans Le Fantôme du Vicaire, et il faut toute la culture scientifique de Valentin Verne pour prouver ces crimes (Éric FOUASSIER).
Principe actif du jasmin jaune, avec la gelsémine. Deux alcaloïdes toxiques utilisés, en injection, pour réduire au silence un auteur publiant des mémoires compromettantes pour Les Quatre d'Agatha CHRISTIE. Heureusement, Hercule Poirot est là pour dénouer l'affaire !
Ces alcaloïdes agissent comme dépresseurs du système nerveux central, provoquant des vertiges, puis une perte du tonus musculaire entraînant la mort par paralysie du système respiratoire.
C'est une préparation à base d'opium et de safran, inventée par un médecin anglais, Thomas de Sydenham, en 1660, et utilisée comme calmant.
Un siècle plus tard, elle commence à apparaître en France et, déjà, les filous de tout poil s'en servent pour endormir leurs victimes : ainsi, dans le Fantôme de la Rue Royale (Jean-François PAROT), le bouc émissaire du meurtre est endormi au laudanum (ce qui l'empêche en plus de veiller sur la victime).
Célèbre drogue, extraîte de l'opium, qui à forte dose ne pardonne pas… C'est le premier alcaloïde à avoir été isolé, en 1804 par Seguin ; il a été cristallisé en 1806 et sa structure résolue en 1925. Il se prépare en mettant l'opium en solution, que l'on laisse évaporer puis que l'on redissout dans le chlorure de calcium aqueux. Le surnageant est gardé, évaporé et donne des cristaux de morphine et de codéine. Une redissolution suivie d'une précipitation à l'ammoniac donne des cristaux incolores et inodores de morphine. Son ingestion provoque une excitation psychomotrice, des nausées, une tachycardie, une cyanose, une myosie, une hypothermie pouvant aller jusqu'au coma et à la mort.
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Quoique le nom évoque davantage une plante carnivore d'Asie du sud-est, découverte (en Europe) au XVIIe siècle, c'est aussi le nom d'une potion médicinale dans l'Antiquité (grecque). La composition n'en est pas réellement connue, mais l'on pense actuellement qu'elle était à base d'opium, d'ellébore (contenant plusieurs alcaloïdes, dont la vératrine), de jusquiame et de datura (contenant de la scopolamine).
Il n'est donc pas surprenant que ce sympathique mélange lénifiant puisse, à forte dose, provoquer le décès de celui qui le consomme. C'est ainsi que périt une connaissance du sénateur Publius Aurélius, dans la rome impériale (Danila COMASTRI MONTANARI, Parce sepulto — le livre parle d'une fleur des montagnes, en effet les textes Antiques laissent entendre que cette potion provenait d'une seule plante).
Alcaloïde du tabac, extrêmement toxique, très amer. Drame en trois actes, Agatha CHRISTIE (trois meurtres, le poison étant ingéré dans un cocktail, dans du porto ou dans un chocolat) ; Don Diavolo, Clayton RAWSON (par injection dans le cou) ; Dan WADDELL, La Moisson des innocents (mélangé à un plat épicé). |
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Ce n'est pas réellement un alcaloïde, mais plutôt un mélange de plusieurs alcaloïdes, directement obtenu en incisant les capsules d'un pavot (Papaver somniferum), dont le principal est la morphine. On y trouve aussi de la codéine.
Ses propriétés sont connues depuis longtemps : dans l'Antiquité déjà, le jeune Marcus Aper en est victime ; c'est le moyen préféré des jeunes de la troupe de la fille de la reine Boudicca pour endormir leurs victimes, grâce à des épines d'acacia trempées dans une décoction du pavot (le Trésor de Boudicca, Anne DE LESEULEUC). C'est aussi, en plein Moyen-Âge, ainsi qu'un tueur d'enfants ravit ses victimes, grâce à des confiseries orientales en contenant (Ariana FRANKLIN, la Confidente des morts).
Plus tard, vers la fin du Moyen-Âge, c'est en Espagne que l'on retrouve une affaire criminelle où du suc de pavot sert à provoquer des visions, dans le but d'affirmer la science d'un charlatan (Caroline ROE, Remède pour un charlatan , une enquête d'Isaac le médecin).
Toujours comme façon d'atténuer la résistance de quelqu'un, une femme est droguée à l'opium dans « l'Aventure de Wisteria Lodge », une enquête de Sherlock Holmes (Sir Arthur CONAN DOYLE, Son dernier coup d'archet). C'est aussi pour endormir la victime avant de la tuer que de l'opium est utilisé dans Des gens d'importance (Mariah FREDERICKS), en décembre 1910 à New York.
Dans les romans du début du siècle, les fumeries d'opium jouent un rôle important, en particulier comme exemple de lieu mal famé (par exemple, Le Lotus bleu de Hergé, bien que ce ne soit pas exactement un roman policier…).
Comme utilisation directement comme poison, on peut citer Les Quatre d'Agatha CHRISTIE, où un plat est empoisonné à l'opium pour détourner les soupçons du vrai poison, et l'Apothicaire et « l'Opéra des gueux » (Deryn LAKE), dans lequel l'une des protagoniste tente de se suicider de cette façon.
Enfin, source de nombreuses drogues, sa culture illégale est cependant rémunératrice. On comprend donc qu'elle soit cause indirecte de morts violentes ; c'est ainsi le cas dans Dans la gorge du dragon, d'Eliot PATTISON.
Voir aussi à laudanum, une composition célèbre à base d'opium, et à népenthès.
Cet alcaloïde, extrait d'un arbre d'Amérique du sud, le jaborandi (Pilocarpus), est utilisé essentiellement dans des collyres pour le traitement de certains glaucomes. Je n'ai pas encore rencontré de roman dont l'intrigue est fondée sur son utilisation, néanmoins il apparaît de façon secondaire dans la Mort d'Achille de Boris AKOUNINE. Il est aussi cité dans « l'Empreinte de Saint Pierre » (Agatha CHRISTIE, le Club du mardi), comme antidote de l'atropine.
Sans doute le plus connu des alcaloïdes, et le plus anciennement aussi. Les Incas l'utilisaient (sans l'avoir extraite, bien sûr, mais sous forme de poudre issue du végétal) contre la fièvre tierce et elle reste un antipaludéen très efficace, mais assez toxique.
Mélangée, dans les bonnes proportions, à l'ergotamine, on obtient une poudre qui a l'aspect et le goût de l'héroïne, mais provoque la mort instantanément. Quel meilleur moyen que de remplacer l'héroïne d'un toxicomane par ce mélange pour s'en débarrasser ? C'est en tout cas ce qui est mis à l'œuvre dans Une douce vengeance d'Elizabeth GEORGE.
Alcaloïde, aussi appelé hyoscine, souvent extrait du datura, mais que l'on trouve aussi dans la belladone et dans le jusquiame noir. Elle est utilisée en pharmacie, dans le traitement de la maladie de Parkinson et contre le mal des transports, mais a des effets sur la mémoire. Elle agit comme analogue de l'acétylcholine, au niveau du système nerveux central et parasympathique. Chimiquement, elle est très proche de l'atropine et les plantes contenant l'une contiennent souvent l'autre, en proportions variables. Ses effets sur la mémoire et le comportement la font utiliser comme drogue pour provoquer des hallucinations (une mousse à raser saturée en datura, dans l'un des Travaux d'Hercule (Agatha CHRISTIE) ou comme sérum de vérité (Don Diavolo, Clayton RAWSON) ; elle n'est alors pas mortelle. À dose plus forte, elle devient un poison. Il peut être administré à partir de la plante directement, comme dans Tonnerre sur le Sud (Ann McMILLAN), ou sous forme pure, comme dans l'Invisible ver (Margaret MILLAR) — par injection intraveineuse ou dans une boisson, dont elle ne modifie pas le goût. La mort est alors très rapide. Comme elle était utilisée avant une opération chirurgicale, c'est une voie d'administration potentielle pour empoisonner discrètement quelqu'un, comme dans la Clinique du crime (Ngaio MARSH). Si l'on décrit soigneusement ses effets à quelqu'un de sensible, il n'est même pas besoin d'en avoir… (Agatha CHRISTIE, « Cottage Philomèle », le Mystère de Listerdale) |
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Avant que l'on extrait cet alcaloïde, l'utilisation directe du datura est aussi un moyen fort effice de faire passer de vis à trépas des victimes choisies… ou non ! Ainsi, dans Meurtres à la pomme d'or (Michèle BARRIÈRE), un petit groupe de commerçants sans scrupule du Montpellier de 1556 a confectionné, à l'aide de cette plante tout juste apporté de la nouvellement découverte Amérique, une potion au goût délicieux (elle contient aussi de la tomate) mais hautement toxique…
Alcaloïde végétal très toxique, mais repérable par son amertume. Il tire son nom du vomiquier (strycnus, groupant plus de 200 espèces d'arbustes grimpants, sempervirents, tropicaux), dont on l'extrait, mais se trouve dans d'autres plantes. Il agit en tétanisant les muscles, agissant rapidement sur la moëlle et les nerfs moteurs.
Les symptômes qu'il provoque sont décrits dans l'Invisible ver (Margaret MILLAR), bien que ce ne soit pas le poison choisi par le meurtrier : « Spasmes musculaires, fortes douleurs, convulsions, et puis c'est la mort. On reste en général conscient jusqu'à la fin ». On peut y ajouter des vertiges, une respiration saccadée et un rythme cardiaque irrégulier.
Dans Lord Peter et l'Inconnu (Dorothy SAYERS), le détective manque de peu d'être assassiné par une injection d'un mélange de strychnine (à l'origine, un médicament) et d'un poison nouvellement découvert, non mentionné.
Dans La Chambre bleue (Georges SIMENON), cette strychnine est mélangée à de la confiture pour empoisonner l'épouse, gênante, d'un homme dont la maîtresse est passionnée. Mais qui a introduit cette strychnine ?
Dans le Bureau des affaires occultes (Éric Fouassier), pour échapper aux conséquences funestes d'un duel, Valentin Verne trafique le coffret des armes qui seront utilisées pour que son adversaire s'injecte une dose de strychnine, non mortelle mais lui faisant perdre la précision redoutable de son tir.
On rencontre aussi ce poison dans les romans et nouvelles suivants :
C'est le nom générique d'un ensemble d'alcaloïdes, de structures voisines, qui sont à l'origine de la toxicité de l'if.
Monk et Rathbone suspectent longtemps, dans Scandale et Calomnie (Anne PERRY), un empoisonnement à partir d'une décoction de feuilles d'if. Attention, contrairement à ce que suggère le livre, les baies de l'if aussi sont toxiques (à cause de la graine, car la partie charnue — arille — n'est effectivement pas toxique).
Miss Marple doit résoudre une affaire d'empoisonnement bien retorse, dans Une poignée de seigle. Le premier empoisonnement de la série est lié à l'ingestion de taxine.
L'un des principes actifs du chocolat, voisin de la caféine et de la théophylline. Sans réel danger pour l'homme, mais très toxique pour d'autres mammifères, comme les chiens et les chats… Et c'est justement pour enquêter sur la mort inattendue de chiens dans Bruncliffe que Samson O'Brien et Delilah Metcalfe, des détectives du Yorkshire, sont engagés. Mais qui peut bien avoir l'idée d'empoisonner des animaux de compagnie, et pour quel motif ? (Julia CHAPMAN, Rendez-vous avec le poison).
Il n'y a pas que les alcaloïdes qui soient toxiques dans les végétaux… Et cela est connu depuis bien longtemps.
Comme son nom l'indique, c'est un alcool isolé de l'absinthe, cette fameuse liqueur verte qui fut si prisée au début du XXe siècle. On connaît mieux la molécule, maintenant, sous le nom de thuyone car elle est aussi extraite du thuya. Cet alcool est un diterpène qui agit sur le cerveau, probablement au niveau des mêmes récepteurs que le principe actif du cannabis avec lequel il présente une ressemblance structurale.
Dans la Couleur de l'Archange (Viviane MOORE), les effets d'une intoxication à l'absinthe (entre autre) sont décrits. Les hallucinations provoquées sont si fortes que la victime ne les supporte pas.
Extrait de diverses espèces d'aristoloches (ou serpentaires), plantes à fleurs répandues dans une grande partie de l'Ancien monde, c'est un composé extrêmement toxique pour le rein et cancérigène. Il est à l'origine de l'importante toxicité de ces plantes.
C'est probablement à cette plante qu'il est fait référence en parlant du « poison de serpentaire », utilisé au Moyen-Âge au Japon (malgré son interdiction). Les conséquences d'un contact, même minime, avec ce poison sont assez horribles, si l'on en croit les descriptions de Nagao SEIO, dans Meurtres à la cour du prince Genji, qui se déroule dans le Japon du Xe siècle.
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Ce sont les principaux toxiques du muguet. Cette jolie fleur du mois de mai est en effet un poison peu connu, mais néanmoins efficace (encore que, selon le site Paracelse, sa toxicité soit surévaluée, de nombreuses intoxications sont signalées chaque année au mois de mai. Même l'eau d'un vase contenant du muguet est potentiellement dangereuse, en particulier pour les enfants). Sa toxicité est due à un savant mélange d'hétérosides, de saponosides et de flavonoïdes. La convallatoxine, par exemple, résulte de l'acétalisation entre un sucre et un stéroïde (squelette du cholestérol). C'est grâce à cette méconnaissance de ses effets qu'un empoisonnement est passé presque inaperçu dans Scandale et Calomnie (Anne PERRY). En revanche, il est rapidement identifié dans le Diable à demeure de Roberta GELLIS, une enquête de Magdalaine la bâtarde. |
Les dérivés de la coumarine, comme la warfarine, sont des
anticoagulants très efficaces (en empêchant l'utilisation de la
vitamine K, ce qui bloque la production de plusieurs facteurs de
la coagulation…). À ce titre, ils sont utilisés comme
médicaments (quoiqu'assez peu en France) et entrent dans la
composition de nombreux rodenticides. Ainsi, lorsqu'il est
question de produits contre les rats dans les romans policiers,
cela peut impliquer les molécules de cette famille…
C'est
ainsi le cas dans Bal fatal
(M. C. BEATON), où un tueur à gages meurt
empoisonné avant d'avoir pu abattre sa victime car il aura bu le
café qui lui était destiné…
Causant une paralysie musculaire entraînant rapidement la mort (par paralysie respiratoire), il est extrait de lianes poussant en Amazonie (Les Indiens en enduisaient les pointes de leurs flèches.). Le nom regroupe en fait toute une famille de composés qui agit au niveau des synapses musculaires en imitant l'action de l'acétylcholine — certains pouvant être d'origine animale (cônotoxines) ; on les classes en deux groupes, suivant qu'ils entraînent une dépolarisation prolongée (leptocurares) ou non (pachycurares).
Pas réellement utilisé, il sert à Hercule Poirot de moyen de pression sur madame Olivier, qui le retient prisonnier, avec un astucieux système de cigarette sarbacane (Agatha CHRISTIE, les Quatre).
Comme son nom l'indique, extraite de la digitale, fleur connue pour sa toxicité. Ce composé agit sur le cœur.
Une utilisation particulièrement astucieuse de la digitaline est faite dans la Colère de Dieu (Paul HARDING) : puisque c'est un médicament pour le cœur, il suffit de tromper la vigilance du malade et de lui donner à la place un composé inoffensif pour que le cœur lâche le plus naturellement du monde…
Un autre composé voisin, la digitoxine, est aussi utilisé. Par exemple, dans Rendez-vous avec la mort (Agatha CHRISTIE).
Ce poison est aussi mentionné dans Pension Vanilos (Agatha CHRISTIE — c'est l'un des trois poisons apportés par Nigel Chapman pour gagner son pari).
Composé extrait du ricin, plante toxique en général mais dont les graines fournissent l'huile de ricin, non-toxique. C'est une lectine (hémoprotéine, protéine reconnaissant les chaînes de glucides accrochées aux protéines) et l'un des plus puissants poisons connus, il suffit d'une quantité infinitésimale pour provoquer le décès.
Connu depuis longtemps, c'est ce poison que le chevalier Bayard soupçonne d'avoir provoqué le décès sur lequel il enquête dans Bayard et le crime d'Amboise, à la fin du XVe siècle (Éric FOUASSIER).
Dans « La Maison de la mort qui rode » (Le Crime est notre affaire, Agatha CHRISTIE), les époux Beresford doivent résoudre une affaire d'empoisonnement imputé à de la pâte de figue. L'assassin avait pris la précaution de se mithridatiser par des injections hypodermiques régulières du principe actif (méthode plausible puisque des anticorps dirigés contre la ricine permettent son dosage dans le plasma).
Dans Un drôle de pépin de George BAXT, ce sont des boulettes de ricin qui sont utilisées à des fins meurtrières par le tueur à gages d'un gang chinois. Le tueur utilise un parapluie modifié pour injecter cette boulette fatale dans la jambe de la victime — une variante du parapluie bulgare, en quelque sorte.
Dans La Rue des bons apôtres, de Pierre BACHELLERIE, c'est de l'huile de ricin mélangée à de la peinture et à de l'eau de Javel qui est administrée, au cours d'une soirée un peu arrosée, à un malheureux cobaye ramassé dans la rue. De quelles distractions la bonne société bourgeoise qui s'ennuie n'est-elle pas capable…
Dans Coiffeur pour dame (M. C. BEATON), Agatha Raisin assiste à l'empoisonnement de son coiffeur par la ricine, injectée dans les gélules de vitamines qu'il prend régulièrement. Quelle pourrait être l'origine de ce meurtre ?
Il existe en fait au moins deux composés de ce nom, la strophantine K et la strophantine G, aussi appelée ouabaïne.
La strophantine provient d'une famille d'arbres appelée Strophantus, comprenant le Korube. C'est un glucoside à action cardiaque ; sa toxicité est connue depuis longtemps, car certaines peuplades africaines utilisaient des préparations à base de cette plante pour empoisonner leurs pointes de flèches. Le composé lui-même a été isolé en 1888.
Dans la nouvelle « Trio à Rhodes », Hercule Poirot est le témoin impuissant d'un meurtre audacieux à l'aide de ce poison (Agatha CHRISTIE, le Miroir du mort).
La valériane est une plante connue depuis l'Antiquité pour ses propriétés tranquilisantes elle est actuellement encore utilisée dans la prévention des crises d'épilepsie, entre autres. Le principal composé à l'origine de ces propriétés serait l'acide valtrique, mais la plante contient aussi beaucoup d'autres molécules.
Le mari de Kathryn Swinbrooke a failli être empoisonné à l'aide d'une décoction de valériane (Meurtres dans le sanctuaire, C. L. GRACE). À noter que la plupart des sites n'indiquent pas de toxicité pour la plante, ni d'effet secondaire des infusions que l'on peut faire de la racine : un tel meurtre est-il plausible ?
Bien que plus rares, il sont parfois utilisés tout de même. La source essentielle sont les serpents venimeux, dont la grande variété d'espèces et la répartition sur tous les continents permet des crimes depuis l'Antiquité (et le fait que ce soit un animal facilite souvent l'innoculation du poison…). Puis, plus épisodiquement, toute sorte d'autres animaux venimeux, tel le fugu.
Serpent d'Afrique du sud, arboricole (c'est ce que son nom signifie d'ailleurs, en afrikaans : « serpent des arbres »), répondant au doux nom scientifique de Dispholidus typus. Il mesure entre 1 m et 1,80 m et sa coloration est très variable, du vert au noir ; il est souvent confondu avec le mamba. Son venin, qui agit sur le système sanguin (il provoque des hémorragies importantes), est extrêmement toxique (plus que celui du cobra ou du mamba). Cependant, le serpent par lui-même est peu dangereux, car il injecte très peu de venin à la morsure — à moins que l'on n'arrive pas à s'en débarrasser.
Dans la Mort dans les nuages (Agatha CHRISTIE), Hercule Poirot est confronté à des empoisonnements à l'aide de fléchettes trempées dans le venin de ce serpent.
Sans aucun doute l'un des plus célèbres serpents venimeux, connu aussi (pour certaines espèces) sous le nom de naja ou de serpent à lunettes.
Répandu en Afrique, c'est un moyen de choix pour éliminer un ennemi par trop envahissant. Ainsi, dans l'Agent de Pharaon de Lynda S. ROBINSON, sept cobras vivants sont enfermés dans la malette d'un prêtre d'Amon, prêts à mordre l'imprudent qui y met la main hâtivement…
Dans Le Monde entier est un théâtre, Eraste Fandorine échappe de peu à un empoisonnement par ce venin, utilisé par un admirateur un peu trop fervent de l'actrice dont il est tombé amoureux.
C'est le nom d'un poisson japonais, dont le foie et les ovaires sont très toxiques. Mélangé à l'aconit, on obtient un poison violent (l'Œil du daruma, Charles HAQUET).
La principale toxine de ce poisson est la tétrodotoxine. Administrée isolée, la mort est rapide : c'est ce qu'expérimente à ses dépens un notaire malintentionné dans Meurtre chez Colette (Estelle MONBRUN et Anaïs COSTE).
Ce sont des serpents extrêmement venimeux et, qui plus est, parfois très agressifs pour l'homme (mamba noir, Dendroaspis polylepis, mesurant plus de 2 m, vivant dans la brousse). Le mamba vert (Dendroaspis viridis) est moins agressif, il vit dans les forêts. Ils sont originaires d'Afrique.
Dans les Douze Crimes d'Hercule, de Paul HALTER, un éleveur de serpents est victime de plusieurs morsures de serpents, dont un mamba noir. Toutes les cages des serpents avaient été ouvertes simultanément…
Certaines méduses sont très dangereuses pour l'homme, leur piqûre pouvant aller jusqu'à provoquer la mort. Parmi elle, la méduse à crinère de lion (Cyanea capillata) est dangereuse car elle peut provoquer un arrêt respiratoire, en particulier du fait de sa très grande taille (jusqu'à 2 mètres de diamètre et des tentacules pouvant atteindre 30 mètres !) qui augmente considérablement le nombre de piqûres en cas de contact. Elle est de plus très répandue dans l'Atlantique et le Pacifique.
Sherlock Holmes doit enquêter sur une mort provoquée par une telle méduse, échouée sur une plage anglaise après une tempête, dans « l'Aventure de la crinière de lion » (Les Archives de Sherlock Holmes, Arthur CONAN DOYLE).
Le danger de l'animal est connu depuis l'Antiquité, et dès
cette époque les malandrins ont songé à l'utiliser pour
accomplir leur noire besogne. C'est ainsi que, sous le règne
d'Hatchepsout
(XVe siècle
avant Jésus-Christ), le juge Amerotkê est victime d'un
traquenard: attiré dans une pièce fermée, l'assassin y jette un
panier empli du vipères furieuses… (les Meurtriers de
Seth, Paul DOHERTY)
Au cours d'une autre enquête, un général a moins de chance et ne
réchappe pas des morsures de plusieurs vipères à corne
(céraste, Cerastes cerastes) — le serpent est présenté
très dangereux dans les Trois Morts d'Isis
(Paul DOHERTY), avec un comportement aggressif et
une morsure mortelle en quelques minutes, mais en réalité, la
morsure serait rarement mortelle et le serpent peu
aggressif.). C'est le juge Amerotkê qui devra découvrir comment,
et pourquoi, ces vipères ont été introduites sur la terrasse où
se reposait le général.
Quoi de plus efficace, pour liquider un collectionneur de
serpents, que de fracasser les vivariums qui conservent ses
espèces ? Et s'il n'en a pas de venimeuse? Alors, glisser
une vipère fera l'affaire… (Rendez-vous passage
d'Enfer, Claude IZNER).
Quelques décennies plus tard, toujours dans Paris, Jeremy Nelson
est confronté à quelques décès étranges : à côté des victimes
est retrouvé une carte postale reproduisant un tableau célèbre
de la Renaissance : « Portrait de Simonetta Vespucci », qui
porte autour de son cou un collier et un serpent… ainsi que le
cadavre d'une vipère. À l'origine du décès peut-être&thinsp?
(La Femme au serpent, Claude IZNER)
Un peu plus tard, à Moscou cette fois, une actrice échappe de peu à la morsure d'une vipère introduite dans un bouquet de fleurs qu'on lui remet à l'issue d'une représentation. Au grand trouble d'Eraste Fandorine, qui assistait à cette représentation et devra enquêter sur cette affaire.
Les médicaments agissent toujours en bloquant ou détournant une action vitale, soit de l'organisme lui-même, soit de l'intrus (bactérie, virus…). Aussi, employé à trop forte dose ou chez quelqu'un qui n'en a pas besoin — ou, pire, qui présente les symptomes contraires de ceux pour lesquels il est prescrit —, cela peut donner un poison très efficace.
La plupart des molécules citées précédemment sont employées (ou l'on été) en thérapeutique, mais elles ne seront pas rappelées ici. Seules les molécules de synthèse ou n'entrant pas dans les catégories précédemment évoquées seront reprises ici.
En mélange avec la procaïne, elle fut utilisée en art dentaire pour réaliser des anesthésies locales. Mais à trop forte dose, elle agit sur le cœur jusqu'à provoquer la mort. C'est dans ce contexte qu'elle utilisée pour un meurtre dans Un, deux, trois… d'Agatha CHRISTIE. C'est aussi dans un contexte d'usage pour la santé, mais animale cette fois, qu'un flacon d'adrénaline est à l'origine du décès d'une femme qui aurait pu se révéler un peu trop bavarde… (M. C. BEATON, Remède de cheval, une enquête d'Agatha Raisin). |
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Dopants, stimulants de l'intellect… mais aux très nombreux effets secondaires et addictifs, terriblement addictifs. Dans les années 50, un industriel pharmaceutique sans scrupule décide d'essayer une molécule de la famille des amphétamines chez des garçons d'une classe d'élèves en difficulté. Les performances sont là… mais à quel prix ? Bien des années plus tard, Erlandur Sveinsson se trouve confronté aux dégâts de cet essai sauvage (Arnaldur INDRIDASON, Les Fils de la poussière).
Nom générique de somnifères très prisés pour les suicides, réels ou simulés. On en croise dans Dix Petits Nègres d'Agatha CHRISTIE (pour le meurtre d'un escroc qui était aussi revendeur de cocaïne). Voir en particulier le véronal, le gardénal, le sécobarbital et le pentobarbital .
Ils peuvent aussi servir à endormir la victime pour faciliter ensuite son trépas. C'est, par exemple, le cas dans Croisière mortelle et Affaire à enterrer, de Ngaio MARSH, ou encore dans Enquête dans le brouillard d'Elizabeth GEORGE (sans que le type de barbiturique soit précisé) et dans les Chênes rouges (José-Louis BOCQUET — il s'agit ici de nubin).
Dosé pour causer le trépas, on en trouve dans Éros et Thanatos (Chantal PELLETIER), administré par voie intraveineuse à une curiste au préalable anesthésiée à l'halothane. Il s'agit ici d'hexobarbital ; à noter que l'auteur utilise le nom commercial d'Évipan, qui n'existe pas en France. Il en est aussi fait mention, sans préciser lequel, dans Miss Silver intervient de Patricia WENTWORTH : c'est un moyen commode de maquiller un crime en suicide…
Quelques autres utilisations :
Nom courant du trichloroéthanal (CCl3COH), liquide dense d'odeur irritante et d'effet hypnotique et narcotique de par sa décomposition facile en chloroforme et en acide formique. Sa toxicité l'a fait abandonner en usage médical.
Normalement, un anesthésique puissant mais à court effet. Utilisé pour faire perdre conscience à diverses personnes. Il revient fréquemment dans l'œuvre d'Agatha CHRISTIE : Mr Brown, les Sept Cadrans, Pourquoi pas Evans ?, Témoin muet, Dix Petits Nègres.
Dans Merci pour le chocolat (Charlotte ARMSTRONG), la première victime boit un peu de chloral dans de l'alcool avant de prendre le volant. L'endormissement au volant est fatal !
Dans Il n'est pire sourd…, l'assassin le fait boire (dans du lait chaud) à sa dernière victime, pour l'endormir puis laisser le gaz ouvert afin qu'elle s'asphyxie et pouvoir ensuite maquiller le crime en accident… (Margery ALLINGHAM).
Le plus célèbre anesthésique, utilisé pour endormir la victime, définitivement parfois. Découvert en 1831 par Liebig, Soubeiran et Guthrie, c'est un liquide dense (1,48 g/cm3 à 20 °C) d'odeur aromatique et de saveur sucrée, bouillant à 62 °C. Son effet anesthésiant a été découvert sur l'animal par Pierre Flousens et appliqué à l'homme en 1847 par James Young Simpson. Il a été utilisé jusqu'en 1940 pour l'anesthésie générale, avant d'être abandonné en raison de sa toxicité.
Quelques exemples d'utilisation pour un « simple » endormissement :
Une variante consiste à se forger un alibi en mettant en scène une attaque extérieure et, après avoir commis son crime, respirer un peu de chloroforme. Méthode utilisée dans « Coffré » (Roy VICKERS, Service des affaires classées).
Notons un usage très particulier (et involontaire) du chloroforme liquide comme réel poison, dans Le Retour de Bencolin (de John Dickson CARR), le chloroforme étant formé in situ sous l'action de la chaleur, à partir de bicarbonate de soude et de chlorure d'éthyle.
Un autre anesthésique à effet rapide d'effet limité dans le temps, qui revient dans l'œuvre d'Agatha CHRISTIE : le Crime est notre affaire (dernière enquête, « le Numéro 16 »), méthode d'ailleurs déjà utilisée dans le modèle les Quatre pour enlever Poirot et Hastings.
Alcaloïde dérivé de la morphine, il provoque chez l'homme une dépression respiratoire mortelle. Utilisé en art vétérinaire pour calmer les gros animaux, on la trouve donc chez eux : quoi de plus naturel alors que des accidents arrivent. Mais parfois, un peu d'aide favorise les accidents, comme le découvrira Agatha Raisin après le décès d'un vétérinaire un peu trop amateur de l'argent de ses clientes… (M. C. BEATON, Remède de cheval.
Opioïde de synthèse mis au point dans les années 1950, il est utilisé comme analgésique et anesthésique, mais est aussi détourné comme drogue. Injecté en quantité massive par voie intraveineuse, c'est un poisson d'action rapide et très efficace (Richard OSMAN, le Murder club du jeudi). |
Très célèbre somnifère de la famille des benzodiazépines, détourné pour ses propriétés psychotropes ; il n'est de ce fait plus commercialisé en France. Dans Rendez-vous avec le mal (Julia CHAPMAN), un résident de la maison de retraite de Fellside Court est victime d'une tentative d'assassinat avec ce produit, caché dans de l'alcool. |
Nom commercial du phénobarbital, autrefois utilisé comme somnifère. Il reste maintenant prescrit comme anticonvulsif.
Dans Maigret voyage, de Georges SIMENON, une comtesse en fait usage pour une tentative de suicide qui échoue.
Ce composé, analogue de l'hormone antidiurétique humaine (la vasopressine) est utilisé en particulier dans le traitement du diabète insipide. Mais il est formellement contre-indiqué chez l'insuffisant cardiaque. Pour assassiner un trafiquant d'arme, c'est ce qu'utiliseront le Cuisinier et ses deux complices (Martin SUITER).
L'un des barbituriques, commercialisé sous le nom de nembutal dans la plupart des pays. Il joue un rôle important, quoique pas vraiment comme poison, dans La Belle Endormie (Ross MCDONALD). |
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Composé utilisé comme antalgique, mais avec un pouvoir addictif important et une toxicité non-négligeable ; quoique autrefois assez utilisé, il l'est moins actuellement. Il a un mécanisme d'action analogue à celui de la morphine. On la croise dans Meurtre en coulisses, de Ngaio MARSH (quoique par un mode d'administration laissant un peu songeur sur son efficacité) : l'assassin en consomme pour rehausser son tabac à priser et l'a donc sous la main pour un meurtre dans l'urgence… |
Origine : Wikipédia |
Composé utilisé comme anesthésique local, en bloquant la conduction neuronale par diminution de la perméabilité membranaire aux cations sodium. C'est un ester de l'acide para-aminobenzoïque. Voir aussi adrénaline. |
Un des premiers barbituriques, commercialisé sous le nom d'amatyl ou de sécotal.
Dans le Baron aux abois (Anthony MORTON), un employé d'une bijouterie est drogué avec ce produit, afin qu'il ne se souvienne pas des circonstances qui l'ont amené à ouvrir le coffre de la bijouterie…
Médicament utilisé contre certaines affections du cœur.
Un somnifère, mais dont l'abus (comme de tous) peut conduire à sommeil bien plus radical qu'espéré. Ce dont ne se privent pas les assassins de tout poil et, parfois, ceux pris de remords. Le nom de « véronal » est en fait un nom commercial, le composé chimique étant un dérivé de l'acide barbiturique. On l'appelle aussi barbital, médinal, barbitone. En plus des œuvres policières proprement dites, on pourra noter son utilisation dans la nouvelle « Un couple heureux » de Somerset MAUGHAM (dans le recueil Rencontres et Hasards), qui est à la frontière du genre — pas d'enquête à proprement parler, mais la trame est bien construite autour d'une affaire de meurtre.
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En association avec le pentothal, il est utilisé dans Touchez pas au grisbi (Albert SIMONIN) comme co-sérum de vérité. La victime n'en réchappera pas.
Les produits psychrotropes, drogues plus ou moins légales, sont toutes sujettes à des trafics, à des abus, à des détournements pour tromper une victime… suivre leur dénomination exacte n'est pas toujours aisé ; la classification ci-dessous n'est qu'indicative.
Sans doute l'une des drogues « récréatives » les plus célèbres, l'ecstasy ou MDMA (3,4-méthylènedioxyméthamphétamine) peut provoquer des décès par accident, par exemple dans Une pilule difficile à avaler (Margot et Jean LE MOAL) qui raconte la mise en place d'un trafic à Locmaria et dans ses environs…
Un petit intermède hors des substances chimiques, avec le pendant des médicaments détournés : quoi de mieux, pour un meurtre discret, que provoquer une mort par maladie ? Bien sûr, l'archétype est la crise cardiaque, mais l'on est alors un peu loin du poison puisqu'aucune substance extérieure n'est utilisée. En revanche, les maladies dues à une infection bactérienne ou virale seront mentionnées ici — en commençant par une des premières inventées littérairement : le meurtre des deux jumelles, dans le Juif errant d'Eugène Sue (pas tout à fait un policier, mais il s'agit bien d'un meurtre…), qui ont été convaincues d'aller travailler, sans précaution particulière, dans un hospice pour les malades du choléra. La contagion ne se fait pas attendre.
Un exemple très subtil est décrit dans le Conte de l'évêque (Margaret FRAZER) : en plein Moyen-Âge, les allergies ne sont pas très connues des médecins. En faisant manger quelques morceaux de noix à une personne allergique, sa mort pourrait très bien paraître, sinon naturelle, du moins miraculeuse.
Un médecin est bien placé pour injecter toute sorte de bacilles à des patients un peu encombrants… C'est ce que fait le docteur Roberts à un couple de patients (infection par le bacille du charbon, par un blaireau contaminé, pour le mari ; septicémie pour la femme), dans Cartes sur table (Agatha CHRISTIE).
Dans le même ordre d'idée, qui soupçonnerait une personne prenant soin d'un blessé de l'empoisonner en infectant ses pansements ? C'est ce que fait, pourtant, l'assassin dans Un meurtre est-il facile ? (Agatha CHRISTIE), les pansements étant infectés par le pus provenant d'une blessure de chat.
Maladie inoculée par un proche, il est toujours délicat de suspecter un meurtre. Par exemple, dans un cas de mort par une maladie tropicale rare, seul Sherlock Holmes soupçonne la réalité… et manque de peu d'en être lui-même victime (« l'Aventure du détective agonisant », Son dernier coup d'archet, Arthur CONAN DOYLE).
Parmi les maladies redoutées, la peste noire n'est certainement pas la moindre. Aussi, lorsque le commissaire Adamsberg est confronté à des assassinats dont tout laisse penser que la peste en est la cause (Pars vite et reviens tard, Fred VARGAS), la situation devient vite tendu. Mais qui libère donc des puces de rat, heureusement non infectées par le bacille de la peste (Yersinia pestis) quoique ce ne soit pas faute d'avoir essayé ?
Autre maladie terrible, la variole. En principe éradiquée, il reste quelques cultures du virus responsable dans le monde. Un scientifique malintentionné pourrait s'en servir pour créer une variante de ce virus et faire renaître la maladie : c'est ce à quoi est confrontée Kay Scarpetta dans Mordoc (Patricia CORNWELL).
Plaçons ici tous ces composés organiques (ou à la frontière entre l'organique et le minéral) qui ne sont pas nécessairement issus de végétaux ou d'animaux, ni ne présentent un rôle thérapeutique notable.
Le plus simple des diacides carboxyliques, de formule HCOO-COOH. Bon complexant des métaux, acide corrosif, il est bien connu en médecine par son aptitude à former des calculs après complexation au calcium.
Il est utilisé dans le Mystère des frères siamois, de (et avec) Ellery QUEEN, pour un meurtre dans l'urgence ; dans Un meurtre est-il facile ? (Agatha CHRISTIE), sous la forme de teinture pour chapeaux absorbée « par accident ».
L'éther diéthylique, CH3CH2-O-CH2CH3, a été très tôt employé comme anesthésique, mais aussi comme psychotrope. Mélangé à de l'alcool, il entrait dans la composition de la liqueur d'Hoffmann, utilisée au XVIIe siècle, entre autres, pour aider à l'endormissement. Détourné, il peut servir à droguer une victime avant de la rendre victime d'un accident, comme le découvre Nicolas Le Floch dans l'Année du volcan (Jean-François PAROT).
Le gaz (de ville ou en bouteille) est composé des plus simples composés organiques : méthane, propane, butane. Ils ne sont pas toxiques par eux-mêmes, mais conduisent à l'asphixie.
On peut alors facilement maquiller le crime en suicide, en endormant d'abord la victime avant de la placer près d'un radiateur ou d'un four à gaz — voir pousser le vice jusqu'à faire endosser les crimes à la victime qui se « suicide » de remords :
On peut aussi faire croire à l'accident, comme dans Merci pour le chocolat (Charlotte ARMSTRONG). Le nec plus ultra étant d'en être victime aussi, mais en s'arrangeant pour subir les effets moins longtemps que la victime, pour ne pas être soupçonné : Roy VICKERS, « le Cilice », Service des affaires classées.
Acronyme de l'hexaéthyltétraphosphate, utilisé comme insecticide. Il est toxique par contact, diffusant à travers la peau.
Une grande actrice en décède après en avoir été aspergée, dans Parfum trompeur (Ngaio MARSH), une enquête de l'inspecteur Roderick Alleyn.
Composés polluants extrêmements toxiques. Pas réellement utilisé comme poison, mais tout de même cause de bien des morts dans Mort en terre étrangère de Donna LEON.
Le poison inconnu, explicitement indétectable ou non identifiable, est en fait assez rarement utilisé. En revanche, en particulier dans les romans historiques, la nature précise du poison utilisé n'est pas toujours mentionnée ; en particulier, le médecin-légiste de l'époque n'a pas toujours les méthodes disponibles pour identifier le poison lors de l'autopsie. C'est ainsi le cas dans L'Affaire Nicolas Le Floch (Jean-François PAROT), où le médecin décèle et isole le poison, d'origine végétale, mais n'arrive pas à l'identifier, ou dans le Chiffre de l'alchimiste (Philip KERR). C'est aussi le cas lorsque l'essentiel ne porte pas sur l'empoisonnement lui-même, comme dans la nouvelle le Revenant du Trayas de Paul GERRARD.
Charlotte ARMSTRONG met en scène une tentative de suicide au moyen d'un poison uniquement identifié par son numéro de flacon dans une collection de produits toxiques, dans Une dose de poison.
Agatha CHRISTIE recourt, dans « la Beauté d'Hélène » (le Mystérieux Mr Quinn), à un nouveau gaz toxique, révolutionnaire.
Roy VICKERS choisit de changer le nom d'un poison et l'appelle « galvanium », dans « Huit shillings, six pence » (Service des affaires classées).
Parmi les romans ou nouvelles mentionnant un poison sans préciser lequel, on peut citer Azazel (Boris AKOUNINE, pour expédier un cocher encombrant), la Mort d'Achille (du même auteur ; il s'agit d'un extrait de fougère amazonienne), Le Monde entier est un théâtre (toujours de Boris AKOUNINE) Les Audiences de Sir John (Bruce ALEXANDER ; « un caustique très puissant »), la Couronne dans les ténèbres (Paul C. DOHERTY, avec un poison mais aussi des drogues hallucinogènes d'origine végétale), l'Espion du prince Oleg (Elena ARSENEVA), Meurtres au nom d'Horus (Paul DOHERTY), « Un accident » (Agatha CHRISTIE, le Mystère de Listerdale ; l'arsenic est évoqué pendant la nouvelle, mais la mort me paraît un peu rapide par rapport à ce qui est décrit dans d'autres romans pour que ce soit le poison effectivement employé), « l'Aventure du pince-nez en or » (Arthur CONAN DOYLE, le Retour de Sherlock Holmes), le Parfum de la dame en noir (Gaston LEROUX) le Poignard et le Poison (Marc PAILLET), « Police technique » (Pierre VERY, les Veillées de la tour pointue), les Oubliés de Mayerling (Ann DUKTHAS), En mémoire d'un prince (du même auteur), le Village aux huit tombes (Seishi YOKOMIZO), les Trois Morts d'Isis (Paul DOHERTY, les Trois Crimes de Noël (Christian JACQ ; l'inspecteur Higgins enquête la nuit de Noël sur un décès survenu dix ans auparavant et dont un poison non mentionné aurait été la cause).
Dans le même ordre d'idée, dans le Mystère de la sombre zone, Pierre SINIAC évoque une tentative d'empoisonnement avec des champignons vénéneux, sans qu'il en soit précisé beaucoup plus. Idem dans Meurtre dans le Vieux Nice de J. B. LIVINGSTONE, une enquête de l'ex-inspecteur Higgins.
Enfin, un poison que je n'ai pas réussi à identifier (je ne sais même pas s'il existe réellement, j'en doute un peu mais sait-on jamais) : une poudre noire, extraite d'un végétal africain, qui, brûlée, provoque une terreur panique chez la victime, qui en décède ou en devient fou. Sherlock Holmes et Watson en font eux-même la triste expérience, et en réchappent de justesse, dans « l'Aventure du pied du diable » (Son dernier coup d'archet, Arthur CONAN DOYLE). Si vous avez la moindre information autour de ce poison, n'hésitez pas à m'en faire part !
Dans Un Égyptien dans la ville de Steven SAYLOR, Gordien est confronté à un empoisonnement avec une poudre appelée « cheveux de Gorgone ». Je ne sais pas de quel poison il s'agit (si un tel poison a porté ce nom) ; il agit après quelques heures et serait d'origine végétale.
Toujours parmi les poisons anciens cités, mais difficilement identifiables par un non spécialiste, connaissant à la fois les poisons et l'histoire, Robert VAN GULIK met en scène, dans l'Énigme du clou chinois, une poudre végétale, emprisonée dans une fleur de jasmin qui s'ouvre dans le thé chaud et cause donc la mort du buveur. Cette poudre est extraite des racines de l'Arbre à Serpent, selon le contrôleur des décès qui rend compte de son examen au juge Ti ; elle est aussi utilisée, avec un mode d'administration tout aussi ingénieux, dans Trafic d'or sous les Tang du même auteur. En anglais, il semble que l'on appelle snake tree certaines espèces de Stereospermum, mais je n'ai guère trouvé plus d'information. Si un lecteur botaniste peut m'en dire davantage… Autre lieu, mais même époque et même problème d'identification : le « nan-tchao », poison employé dans Meurtre à Canton, une autre enquête du juge Ti (même auteur).
Si la plupart du temps les produits chimiques servent à empoisonner son prochain, dans les romans policiers s'entend, il arrive que parfois leur usage soit différent. En voici quelques exemples.
Ce n'est pas un poison, mais il est utilisé médicalement pour certains soins oculaires. Dans Pension Vanilos (Agatha CHRISTIE), de l'acide borique à cet usage intervient dans une série de substitutions de poisons qui brouillent les pistes menant au meurtrier.
Composé très explosif. Utilisé pour faire diversion, et aider à se forger un alibi, dans l'Affaire Protheroe d'Agatha CHRISTIE.
Composé tout à fait inoffensif. Pourquoi diable, dans ce cas, l'amie de Mrs Pargeter lui demande-t-elle d'en faire passer une pleine bouteille malgré la douane discrètement, dissimulé sous forme d'une bouteille d'Ouzo, lorsqu'elle se rend en Grèce&thinps;? Peut-être est-ce en lien avec la capacité qu'à la phénolphtaléine de virer au rose en milieu basique&thinps;? On badigeonne un papier correctement imprégné de cet indicateur coloré d'un peu de bicarbonate de soude, et un message apparaît… l'une des variantes de l'encre sympathique ! (Simon BRETT, Salades grecques)
Composé corrosif, car très basique et oxydant. Il correspond au mélange d'hydroxyde de calcium et d'hypochlorite de calcium. Il est utilisé comme désinfectant.
L'héroïne d'Une femme sans peur (Lee JACKSON) en utilise une solution, qu'elle jette au visage de son agresseur, pour se défendre.
Poison original, mais très efficace. L'un des suspects d'Isaac Newton est froidement occis à l'aide de ce poison, alors qu'il est pourtant emprisonné, dans le Chiffre de l'alchimiste de Philip KERR.
Un papier imprégné de cette substance brûle immédiatement sans laisser de cendre. Truc utilisé dans les spectacles de magie, parfois aussi par les criminels (Clayton RAWSON, Don Diavolo).
Ce n'est pas réellement un poison, mais il est souvent utilisé pour défigurer les gens, du fait de sa très forte acidité et de son affinité pour l'eau — voir ainsi, en s'écartant un peu du domaine écrit, Police Python 357 avec Yves Montand. Il est mentionné dans le Crime est notre affaire d'Agatha CHRISTIE, réellement utilisé dans « Haine aveugle » (Roy VICKERS, Service des affaires classées ), « l'Aventure de l'illustre client » (Arthur CONAN DOYLE, Les Archives de Sherlock Holmes), le Carrefour des écrasés (Claude IZNER), le Conseiller d'État (la dernière enquête officielle d'Éraste Fandorine ; Boris AKOUNINE), Un endroit si discret (Seichô MATSUMOTO).
À noter, toutefois, la mention d'un poison à base d'un mélange de sulfate et d'acide sulfurique, de composition indéterminée, dans le Château des poisons (Serge BRUSSOLO) ; potion donnant un poison foudroyant.
Pour finir, quelques liens vers des sites orientés toxicologie, pour ceux qui souhaitent davantage d'information sur les effets et les traitements des poisons et, en particulier, des plantes toxiques.
Paracelse, base de données sur les toxiques pour l'homme. Elle comprend de nombreux produits, mais aussi une liste de plusieurs plantes décrites pour leur toxicité.
Le site du CHU de Lille contient plusieurs pages sur les poisons, éditées par le centre anti-poison, bien illustrées.
Pour les poisons en tant que drogues, la page de Botanique et Chimie des drogues est très instructive.
Si vous voulez quelques informations complémentaires sur les serpents venimeux : cette page est très instructive. Et, pour en savoir plus sur les serpents en général, allez par ici (malheureusement, seules quelques fiches sont disponibles).
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